Homélie – 11ème dimanche du Temps Ordinaire

Nous sommes en fin d’année scolaire, l’heure des bilans pour les enfants, mais aussi, pour nous adultes. C’est le moment de prendre un peu de recul pour regarder l’année passée, nos activités professionnelles, nos engagements, ce qui fait la vie de tous les jours… C’était aussi le temps pour notre communauté chrétienne, avec l’assemblée paroissiale de ce samedi, de faire un point d’étape sur notre vécu en paroisse, notre projet pastoral, et pour envisager les priorités pour l’année prochaine. Donc de nous mettre sous le regard de Dieu ; et de voir dans notre vie personnelle et sociale comment nous nous inscrivons dans cette avancée vers le Royaume de Dieu dont nous parlent les lectures de ce jour.

Se mettre sous le regard de Dieu, c’est d’abord lui dire merci et rendre grâce. Ensuite, c’est reconnaître que Dieu est à l’œuvre dans notre monde ; et enfin se mettre à son service pour participer à la construction du Royaume.

Rendre grâce au Seigneur, c’est d’abord se situer devant Dieu à notre place de créature.  Nous sommes invités aujourd’hui à nous émerveiller pour cette  terre et la nature qui nous sont données, à dire merci pour la beauté de ce monde. Dans l’Encyclique « Laudato Si », le pape dit d’emblée que « le monde est plus qu’un problème à résoudre, il est un mystère joyeux que nous contemplons dans la joie et la louange » ; et le psalmiste « Qu‘il est bon de rendre grâce au Seigneur et de chanter pour ton nom, Dieu très haut ». Le temps des vacances est souvent propice à l’émerveillement, au repos, à la prière de louange. Regardons ce qu’il nous est donné de contempler depuis les fleurs des champs jusqu’aux paysages merveilleux que nous offre cette terre. Et, « Dieu vit que cela était bon. » nous dit la Genèse. Nous aussi, avec nos yeux d’hommes et de femmes nous pouvons prendre le temps de goûter la création et de contempler l’œuvre de Dieu.

Cependant nos contemporains oublient souvent que tout ce qui vit et respire sur notre terre vient de très loin. L’homme moderne est tenté d’exploiter la nature à sa guise, comme s’il en était le propriétaire, alors qu’il n’en est que le gérant très éphémère. Nous sommes invités à respecter cette nature et, car elle est l’œuvre du Seigneur.

Dieu n’est pas absent de sa création. Le monde est travaillé par l’Esprit saint : La jeune tige plantée par le Seigneur sur une haute montagne « deviendra un cèdre magnifique » où « habiteront les passereaux et toutes les sortes d’oiseaux à l’ombre de ses branches. » Dans l’évangile, le règne de Dieu est comparé à la toute petite graine de moutarde, « mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; elle étend de longues branches si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre ». Ces paraboles nous disent deux choses :

D’abord, Dieu est inlassablement à l’œuvre dans ce monde. Il fait naître des merveilles à partir de petites choses. La petite graine doit respecter le rythme des saisons pour pouvoir se développer et accueillir les oiseaux du ciel. Il faudra un temps long pour que la bouture du cèdre puisse à son tour devenir un cèdre magnifique. Alors, « tous les arbres des champs sauront que c’est moi le Seigneur. » Autrement dit, le monde entier, tous les hommes, reconnaîtront que le Seigneur est à l’œuvre. Il n’abandonne pas sa création, même dans les moments difficiles.

Ensuite, deuxième enseignement, à méditer en cette période difficile : ce que Dieu fait pousser est destiné à faire de l’ombre, à accueillir et à abriter les oiseaux du ciel et le vivant. Le royaume de Dieu est comme cela : Il accueille, il abrite, il apporte douceur et vie.

Dans cette œuvre d’achèvement de la création vers le Royaume, Dieu a besoin des hommes. Nous ne pouvons pas rester désœuvrés. Il nous faut prendre soin de la nature et des hommes, semer, accompagner, entretenir, accueillir… être des disciples missionnaires, pour annoncer dès le matin, nous dit le psaume, l’amour et la fidélité du Seigneur.  Ce n’est pas toujours évident de cheminer dans la Foi. Nous sommes parfois dans l’obscurité, comme nous le dit Saint Paul. Mais soyons des semeurs, même si nous avons l’impression de prêcher dans le désert, sans voir les résultats. L’un sème ; mais c’est un autre qui récolte. Le temps de Dieu n’est pas celui des hommes.  Gardons la Foi. « Oui, nous avons pleine confiance, notre ambition, c’est de plaire au Seigneur », c’est-à-dire de faire sa volonté, nous dit Saint Paul.  Notre mission et celle de l’Eglise c’est de semer : semer la paix et la justice, semer l’amour et la miséricorde ; et, ainsi, révéler aux hommes de notre temps le vrai visage de Dieu, le Père miséricordieux et infiniment bon.

« Ces paraboles sont une magnifique leçon de confiance. Le royaume est une semence qui germe irrésistiblement ». (M. N. Thabut) Nous ne voyons pas toujours les bourgeons qui éclosent et la semence qui germe, mais la moisson viendra. A nous de faire notre travail de jardinier. Dieu nous fait confiance, faisons lui confiance.

Comme la graine de moutarde, la parole semée dans l’humus, avec humilité, germera et produira du fruit en abondance. « Jésus l’avait bien dit en parlant de lui-même : « En vérité, en Vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance. » » (M. N. Thabut.)

Yves Michonneau, diacre