Aujourd’hui, comme aux disciples, Jésus nous adresse une question: « Pour vous, qui suis–je ? »
La plupart des contemporains de Jésus pensent qu’il est un prophète ; c’est une réponse incomplète, les disciples, en côtoyant Jésus, ont la possibilité d’avoir une approche plus approfondie, pour reconnaître la singularité de Jésus.
Nous avons entendu la réponse de Pierre, inspirée par l’Esprit–Saint: « Tu es le Christ » , c’est à dire le messie, celui qui a reçu l’onction.
Pour chacun de nous, confesser que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, comme nous l’exprimerons dans quelques instants avec le Credo, est essentiel pour développer une relation personnelle avec le Christ, et donc avec Dieu. C’est cette relation personnelle qui nous transforme progressivement en Chrétiens.
Nous nous retrouvons régulièrement pour prier ensemble et progresser dans notre relation à Dieu, individuellement et collectivement, afin de répondre à l’amour inconditionnel et gratuit de Dieu qui nous crée à chaque instant !
Nous savons bien que nous n’y parviendrons pas si nous ne comptons que sur nos propres efforts! Tournons nous vers Dieu, invoquons le avec confiance dans les moments difficiles, comme nous y invitent les textes que nous avons lu, sans oublier bien sûr de Le remercier pour toutes les merveilles que Dieu fait pour chacun de nous, tant sa miséricorde est infinie.
Nous avons entendu en effet le psalmiste affirmer sa confiance en Dieu en répondant à son amour : « J’aime Dieu, car il entend le cri de ma prière, il incline vers moi son oreille. » Chaque enfant de Dieu est invité à faire sienne cette déclaration bénie : la relation intime entre Dieu et celui qui veut être son disciple se manifeste d’abord par un cri d’amour vers le Père, avant de reconnaître sa faiblesse et son besoin d’être soutenu et relevé par le Créateur.
La première lecture, du livre d’Isaïe, vient enrichir ce portrait du vrai disciple: Un vrai disciple ne se montre ni violent, ni lâche. Il doit être disposé à endurer les épreuves en plaçant son espérance dans le secours du Seigneur.
Ces épreuves préfigurent celles que va subir Jésus, et qu’il annonce à ses disciples, après leur avoir demandé de garder le silence sur sa véritable identité de messie.
Jésus, nous l’avons entendu, enseigne ici directement et ouvertement, sans employer de parabole, le plan divin qui le concerne: les souffrances, le rejet, la mort, et la résurrection.
Nous qui connaissons ce qui est arrivé à Jésus à la fin de sa vie publique, nous ne sommes plus surpris par la parole de Jésus. Laissons–nous interpeller, comme si nous n’avions pas connaissance de la vie de Jésus. Je pense à mon petit–fils de 4 ans qui me questionnait cet été : Pourquoi Jésus est mort ? Pourquoi on l’a tué ?
Les reproches de Pierre peuvent nous apparaître sensés: En effet, Pierre exprime ainsi avec sincérité son inquiétude pour Jésus en qui il a toute confiance. Aussi la réaction de Jésus peut nous surprendre. Cependant, Pierre exprime en réalité un rejet du plan de Dieu; il fait donc le jeu de l’ennemi, et Jésus reconnaît que c’est Satan qui a inspiré à Pierre sa prise de position.
Jésus s’adresse ensuite à la foule et aux disciples, et exprime la nécessité de renoncer à soi même et porter sa croix pour Le suivre.
Peut–être pouvons–nous comprendre cette exigence comme une seule, c’est à dire renoncer à son orgueil égoïste, à ses caprices, à ses intérêts individuels et porter son « moi » auquel on renonce comme une croix?
Le Christ nous invite ainsi chacun à ne pas faire peser son « moi » sur les autres.
Nous pouvons nous interroger individuellement : comment suis–je attentif à ne pas imposer mon ego aux autres ? Suis–je disposé à me dessaisir de moi- même, afin d’avoir un juste rapport aux biens de ce monde ainsi qu’aux êtres que je côtoie ?
Les bienheureux Célestin et Michel, que nous découvrons progressivement, à travers notamment des moments forts comme notre messe de rentrée de dimanche dernier, peuvent nous inspirer par le don de leur vie à Dieu et aux autres.
Cette ligne de conduite, à laquelle Jésus nous invite, nous pousse également à agir au nom de notre foi en nous tournant vers les autres et le monde qui nous entoure.
Le passage de la lettre de St Jacques que nous avons entendu illustre l’inutilité d’une foi qui ne se traduirait pas en actes : une foi « non agissante » , qui se contente de belles paroles, s’apparente alors à une croyance banale, comme celle des démons que Jésus croise à plusieurs reprises dans les évangiles: les démons savent bien reconnaître le Christ, mais ils ne lui obéissent pas !
L’incarnation de Jésus nous invite donc à avoir une foi qui « sait entrer dans la chair souffrante et pleine d’espérance des personnes« comme nous le rappelle le Pape François, dans son message pour la journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création, dont nous avons fait mémoire hier à Sautron.
Alors remplis de confiance et remis debout par l’infinie tendresse de Dieu, puissions nous nous engager à « marcher en présence du Seigneur sur la terre des vivants » .
Guillaume Amelin, diacre