Nous avons entamé dimanche dernier notre marche vers Noël, où nous célébrerons Dieu qui vient à notre rencontre en s’incarnant dans notre nature humaine.
Les textes de dimanche dernier nous invitaient à veiller et à prier, et à nous préparer dans la joie et dans l’espérance à la venue du messie.
Cette attente nous invite à nous mettre en mouvement, nous devons donc faire des déplacements pour nous préparer à cette rencontre.
Regardons en particulier comment les textes que nous avons entendu nous invitent à disposer notre esprit et notre cœur pour vivre pleinement l’accueil de
l’incarnation, le verbe de Dieu venu en notre chair.
Je commencerai par la disposition de cœur des Philippiens, devant laquelle Paul rend gloire à Dieu dans sa prière. Les Philippiens avaient un cœur réceptif au
message de l’évangile. Ils étaient de vrais amis pour Paul et ils soutenaient la cause de l’évangile malgré l’incarcération de Paul. Les actes des apôtres, au
chapitre 16, nous donnent des précisions complémentaires sur la communauté de la ville de Philippes, dans le Nord–Est de la Grèce. Paul y avait rencontré
plusieurs femmes, dont Lydie, une marchande de pourpre, qui avait adhéré à l’évangile et qui mettait sa maison à disposition pour les rencontres de la
communauté.
Au passage, nous pouvons noter l’importance du rôle des femmes pour la diffusion de l’évangile à Philippes, comme dans toutes les villes où Paul a fondé des
communautés. Le synode sur la synodalité qui s’est achevé fin octobre nous invite d’ailleurs à y être plus attentif dans nos liturgies, je le cite : » II est
important que les passages de l’Écriture relatifs aux femmes trouvent une place convenable dans les lectionnaires liturgiques » (Document final de la session
d’octobre 2024, n°60).
Dans sa lettre, Paul signifie que l’affection des Philippiens et leur engagement sincères manquent à Paul qui les chérit avec la tendresse du Christ–Jésus.
Paul formule trois intentions de prière pour les Philippiens :
En premier, qu’ils développent l’amour, accompagné par la connaissance Ensuite, qu’ils soient dotés de discernement dans la conduite de leur vie, pour avancer
vers la sainteté
Enfin, qu’ils portent du fruit de justice, pour plaire à Dieu, avec un comportement approprié.
Les Philippiens sont pour nous un exemple pour disposer notre esprit et notre cœur, et mettre nos attitudes, notre comportement en cohérence, tant sur le plan
individuel que sur le plan collectif.
Mais ne comptons pas uniquement sur nos propres forces ! En effet, nous sommes invités d’abord à nous tourner vers le Christ, à le contempler, à le prier, à le
louer, et c’est Lui, dans sa miséricorde infinie qui nous aide à nous repentir et à poser des actes en lien avec sa venue.
En cette période de préparatifs de Noël, marquée dans la société dans laquelle nous sommes plongés par une certaine frénésie commerciale, nous pouvons
interroger nos attitudes, et imaginer des pistes de conversion à la lumière de l’exhortation apostolique « Laudate Deum » du Pape François. Je le cite :
« L’effort des ménages pour polluer moins, réduire les déchets, consommer avec retenue, crée une nouvelle culture… Nous remarquons donc que, même si cela n’a pas immédiatement un effet quantitatif notable, cela aide à mettre en place de grands processus de transformation qui opèrent depuis les profondeurs de la société. » (LD n°71)
Ce sont quelques exemples, il existe plein de propositions qui peuvent nous aider à nous interroger sur notre manière de voir le monde qui nous entoure, Les
artistes qui nous proposent le festival de la beauté ce week–end rendent grâce à leur manière de la beauté de la création. Quels que soient nos talents, nous
sommes tous responsables pour que notre maison commune soit un lieu de vie et de bonheur pour tous les humains, en promouvant la paix et la justice.
Personnellement j’y vois un lien avec l’exhortation de Jean le Baptiste qui nous invite à la préparation du chemin du Seigneur et à la conversion pour le pardon des péchés, dans l’évangile que nous avons entendu, où Luc nous présente Jean le Baptiste comme une personne aussi importante que les responsables politiques et religieux de son temps.
Jean le Baptiste annonce non pas un libérateur majestueux, mais la venue de Jésus qui incarne le salut que tout être vivant verra. C’est notre espérance comme
chrétiens ! Je vous livre un extrait de la lettre des évêques de France en vue du jubilé de l’espérance qui s’ouvre prochainement : « L’Espérance repose en
définitive sur la certitude du salut en Jésus–Christ; – Quant à nous, nous avons vu et nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde. (…) Nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru- » (n°6)
Dans la première lecture nous avons entendu le prophète Baruch, que le Père Michel a évoqué dimanche dernier. Baruch nous invite à l’espérance qui se mêle à
la joie, comme les Hébreux retournant à Jérusalem après l’exil à Babylone. Cette joie du retour est également chantée dans le Psaume. Pour accueillir le salut,
la splendeur de Dieu, Baruch nous dit : « Debout, Jérusalem » ! Cela s’adresse à nous aujourd’hui, notre communauté d’Orvault et de Sautron est en quelque sorte une forme de « Jérusalem »>.
« Debout, Jérusalem » Nous sommes invités à faire nôtre cette posture pour accueillir le Seigneur. La tradition de l’Église peut nourrir notre réflexion, comme en témoignent les Pères du Concile de Nicée en 325, dont nous célébrerons l’année prochaine le 1700° anniversaire. Ce fut le premier concile œcuménique, et il nous a notamment laissé l’expression du symbole de la Foi, complétée en 381 au concile de Constantinople, que nous allons proclamer tout à l’heure.
« Debout Jérusalem » Pour les pères du concile de Nicée, cette attitude symbolise la résurrection du Christ et lorsque nous nous tenons debout devant le
Seigneur pour prier, cela évoque notre propre résurrection que nous accueillons de manière anticipée. (cf canon n°20 du concile de Nicée) Nous fêterons ce
lundi 9 décembre l’Immaculée Conception de la Vierge Marie Rendons grâce à Dieu pour celle qui a cru en la Parole qui lui fut adressée, et poursuivons dans la
foi et l’espérance notre marche vers Noël. Soyons remplis de joie dans l’attente de la venue de notre Seigneur, car « Dieu nous conduira dans la joie, à la
lumière de sa gloire, avec sa miséricorde et sa justice » (Ba 5,9).
Guillaume Amelin, diacre